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Le Grand Bilan
Carl - 31 décembre 2043
Il est temps. Demain nous passons en 2044 et comme le veut la tradition, voici l’heure du Grand Bilan Annuel. Si durant la 5ème République le soir du jour de l’an le Président présentait ses vœux et vantait ses exploits et les mesures à venir, dans notre 6ème République, c’est les résultats d’une grande analyse nationale qui nous est présentée. En tant que représentant de la commission annuelle qui s’occupe de ce bilan, cette charge m’incombe aujourd’hui.
La commission est un fragment du Comité Scientifique, un organisme indépendant qui a pour mission de produire une méta-analyse des travaux scientifiques indiquant l’efficacité et la pertinence des politiques publiques et de l’état du pays. Elle regroupe des travaux sur de nombreux domaines pour en donner une vue la plus précise possible. Ainsi sociologues, économistes, professionnels de la santé, ingénieurs agronomes, urbanistes, diplomates, professionnels de la sécurité comme les pompiers ou la police et d’autres encore se rassemblent pour dresser un état des lieux de leurs domaines respectifs, état des lieux qui sera ensuite consolidé à travers un bilan global. L’objectif est double : d’abord prendre le pouls de la société et ensuite déterminer l’efficacité des actions politiques prises dans le passé et les axes d’améliorations à apporter.
Le bilan mesure tout un tas de données spécifiques qui sont ensuite consolidées dans quelques grands indicateurs clés de société, présentés sous la forme de notes, comme l’impact écologique, le bien-vivre de la population, l’efficacité juridique, le niveau de qualité de l’éducation, la qualité et la gestion de la production agricole, la relation diplomatique avec les autres pays et enfin la qualité économique du pays tant à l’intérieure qu'à l'extérieure. Ces notations globales permettent de suivre l’évolution générale de la société mais ce n’est qu’une partie de notre mission.
En effet, nous produisons aussi des cartographies assez précises des différences de niveaux de ces indicateurs jusqu’à des niveaux assez précis allant jusqu’aux quartiers dans certaines zones. Chacune des notes pouvant se décliner en des critères plus spécifiques par exemple la note de bien-vivre intègre le taux d’inégalité sociale, le niveau global de santé physique et mentale et le niveau de qualité de vie. De cette façon on peut assez rapidement identifier les régions qui ont le plus besoin qu’on les aide et surtout si les politiques publiques mises en place ont été utiles.
On ne va pas se mentir, c’est un travail titanesque. Surtout quand il faut le produire tous les ans. Mais le jeu en vaut la chandelle. Surtout que toutes les informations sont, bien sûr, disponibles pour tous les citoyens directement depuis internet. Toutes les données que nous remontons, mais aussi les protocoles et questionnaires utilisés pour la collecte sont publiques et libres d’utilisation.
Nous produisons et recensons régulièrement des rapports pour expliquer les grandes tendances et les explications des résultats que nous observons. Loin de juste refléter l’opinion perçue et les réalités matérielles, nous questionnons les individus sur leurs choix, leur vision et leurs usages. Ces données qualitatives nous permettent de donner du sens à ce que nous pouvons observer. Ces rapports sont surtout des supports idéaux pour comprendre les tenants et aboutissants sur des sujets de sociétés actuels ou à venir.
Nous faisons notre possible pour les rendre les plus didactiques et accessibles possible afin que chacun puisse se construire une opinion précise et se sentir compétent quand il s’agit de l’exprimer que ce soit au quotidien, publiquement et dans les urnes. Même si ce n’est pas une solution miracle, cela à quand même fortement contribué à réduire la désinformation. Un pas en avant gigantesque pour la démocratie.